Placer les patients au cœur de l’innovation
avril 2015Cette année, l’Agence européenne des médicaments célèbre 20 ans d’existence. Ses responsables ont tenu à marquer l’événement en organisant une conférence spéciale afin de discuter de la meilleure façon, pour l’Agence, de jouer son rôle en mettant les patients au cœur du développement novateur de médicaments.
À cette occasion, le Directeur général d’EURORDIS Yann Le Cam a souligné combien il est important de renforcer le pilier « santé » de la mission « Science, médicaments, santé » de l’EMA et, pour cela, d’accroître et d’améliorer l’implication des patients dans le processus de développement et d’évaluation des médicaments.
Et de commenter : « Un médicament approuvé qui ne répond pas à besoin réel des patients n’est qu’une invention, pas une innovation significative pour les patients. » Il est indispensable de mieux définir l’implication des patients durant tout le cycle de vie du développement de médicaments pour accroître le nombre de médicaments innovants qui répondent aux besoins des patients. Plusieurs actions sont envisageables :
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veiller à ce que les patients aient un rôle pour orienter l’industrie pharmaceutique vers les secteurs où ils nécessitent de nouvelles solutions thérapeutiques, capables de soigner ou de stabiliser une maladie, en particulier les secteurs où les besoins médicaux ne sont pas satisfaits ;
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s’assurer que le développement clinique est pertinent pour les patients ; les patients devraient en particulier pouvoir nouer un dialogue avec les entreprises concernant tous les aspects liés à la conception d’un essai clinique afin que les essais cliniques donnent des résultats pertinents pour les patients ;
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garantir que les patients apportent directement des données complémentaires sur leur expérience quotidienne de la maladie, ce qui favoriserait l’obtention, dans le cadre d’essais cliniques, de résultats fondés sur les notifications des patients ;
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inclure les patients dans les évaluations risque-avantage ; en effet, au moment d’évaluer les risques et les avantages d’un nouveau médicament, seuls les patients en tant qu’experts de leur maladie peuvent légitimement déterminer le degré d’incertitude, de risque ou de nuisance ils sont prêts à accepter en l’échange des avantages potentiels d’un médicament.
En 2014, des représentants de patients et des consommateurs ont participé à des actions de l’EMA à 633 reprises. Les outils qui aident les patients à intervenir lors du développement de médicaments en temps opportun sont en évolution constante. Ils incluent plusieurs dispositifs de l’EMA (avis scientifiques parallèles à ceux des organismes chargés de l’évaluation des technologies de la santé (ETS), groupes de conseil scientifique, projet-pilote sur les solutions d’adaptation, projet-pilote sur l’évaluation risques-avantages) et, concernant l’ETS, le projet SEED (Shaping European Early Dialogues) qui vise à favoriser les concertations précoces à l’échelle européenne pour les technologies de santé.
Cependant, le défi consiste à rendre crédible l’implication des patients, de façon à ce que toutes les parties prenantes la reconnaissent et que cette implication ait un impact réel. Pour y parvenir, les organismes de réglementation, les organismes chargés de l’ETS et les patients doivent continuer à collaborer entre eux pour instaurer les méthodes les plus adaptées favorisant l’intervention des patients dans le processus de réglementation, surtout afin que cette intervention reste indépendante et ne subisse pas l’influence des entreprises pharmaceutiques.
Il est également important que l’innovation scientifique dans le développement de médicaments ne soit pas déconnectée de l’accès des patients aux médicaments. L’implication continue des patients tout au long de ce développement devra également concerner tous les acteurs contribuant à définir l’accès des patients aux médicaments, comme les agences de réglementation et les organismes chargés de l’ETS. Yann Le Cam a ajouté : « Aujourd’hui, différentes parties prenantes évaluent les médicaments ou prennent des décisions suivant une approche souvent cloisonnée, de façon isolée. Un ensemble d’évaluations certes raisonnables mais déconnectées ne donneront pas forcément lieu à une décision finale constructive. La coordination est donc nécessaire pour veiller à ce que les nouveaux médicaments innovants atteignent bien les patients pour lesquels ils ont été mis au point. »
Une vidéo de la conférence de l’EMA est disponible en ligne (en anglais)
. Vous pourrez notamment suivre l’intervention de Yann Le Cam ici. Et le livre anniversaire de l’EMA est disponible ici (contribution d’EURORDIS en page 30).
Eva Bearryman, Junior Communications Manager, EURORDIS
Traducteur : Trado Verso